samedi 16 février 2013

"La Ballade de Lila K" de Blandine Le Callet

"Une jeune femme, Lila K., fragile et volontaire, raconte son histoire. Un jour, des hommes en noir l'ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l'a prise en charge. Surdouée, asociale, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Son obsession : retrouver sa mère, recouvrer sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d'un univers étrangement décalé, aseptisé, où les livres n'ont plus droit de cité…"

Comme souvent, j'ai choisi ce livre pour sa quatrième de couverture mais sans lire de critique avant. J'ai donc été assez surprise de comprendre, au bout de quelques pages, que l'histoire se déroule dans le futur. Elle est pourtant tout ce qu'il y a de plus réaliste. On ne ressort pas indemne de la vie de Lila K. Difficile de raconter...c'est poignant et dure mais en même temps il y a beaucoup d'amour et la force du pardon.
 "J'oubliais qu'on m'avait confisqué ma maman. J'étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C'est parfois reposant de se perdre de vue."

Au delà de l'histoire de cette petite fille, Blandine Le Callet porte un regard très noir sur l'évolution de notre société : le clivage intra-muros/banlieue ("la zone"), la surveillance extrême, la censure, etc. Ce n'est pas très optimiste pour nos enfants... 
"Moi aussi, certains jours, j'aimerais que tout s'arrête : l'analyse de mes urines chaque matin au réveil, le passage au scanner chaque fois que je pénètre un bâtiment public, le contrôle de mes achats, les conseils des nutritionnistes, la convocation pour mes premières injections dans le visage, l'émetteur que Fernand me presse de faire implanter derrière mon sternum, et cette caméra qui tourne en permanence derrière le grand miroir."

Ses inventions imaginaires font parfois sourire et adoucissent un peu la dureté de ce récit : le chat arc-en-ciel, le gouvernement qui offre des sex-toys, etc.

Un livre intense et surprenant, si réaliste dans un décor futuriste.

"C'est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu'un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l'évidence de sa propre survie."

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